L’Ordre du jour totalement bouleversé
Tout le monde s’attendait à ce que la lancinante question de l’Article 35 s’accapare toute la durée du mini Sommet sur la crise ivoirienne.
Mais la réalité fut tout autre. Thabo Mbeki et ses collaborateurs l’ont pointé pour plus tard. Il faut d’abord terminer avec les problèmes artificiellement créés par Gbagbo Laurent pour ensuite plancher sur les questions de la délégation des pouvoirs, le fonctionnement du gouvernement et la sécurité. L’ordre des points à débattre contenu dans le draft distribué aux délégations a buté sur les contingences de Pretoria.
La promulgation de l’Article 35, la Nationalité et les textes de Marcoussis qui constituent l’épine dorsale des pourparlers seront discutés dans les heures qui suivent. Le dernier point à discuter sera celui des arrangements politiques après la période des élections. Dans l’optique du Médiateur, il n’est plus question de se voiler la face à propos de l’impossibilité quasi certaine d’organiser des consultations électorales dans les délais constitutionnels.
Au delà d’octobre et décembre 2005, la légalité des mandats des Présidents de la République et de l’Assemblée nationale peut être remise en cause par les opposants. Il s’agit de commencer les discussions maintenant en vue de conclure un gentleman agrément afin d’éviter de nouvelles tensions.
Que se passera-t-il à Abidjan?
D'ici demain le sommet de Pretoria devrait en principe prendre fin par un communiqué dans lequel les grandes décisions devraient être annoncées.
Déjà hier, les premières tendances mettent en mauvaise posture le Président Gbagbo qui, selon la presse proche de lui était parti en Afrique du Sud avec un dossier en béton pour "étaler à jamais l'opposition". Si ces tendances devraient se confirmer par le communiqué final, il y aurait de quoi craindre à Abidjan.
Les "patriotes et autres partisans du Président Gabgbo pourraient ne pas comprendre le bien-fondé des décisions de l'ultime sommet et se déverser dans la rue, comme ce fut le cas le 24 janvier 2003, au sortir du sommet de Linas Marcoussis pour protester contre les compromis politiques recommandés. Chacun s'est jusque-là dit que son camp tient le bon bout. Et si au finish, le camp que chacun croyait être dans le vrai se retrouve du mauvais côté de la décision ?
En un mot et si le FPI et Gbagbo perdaient la face dans ce sommet ? Il va sans dire que "les patriotes" et les milices FPI avaleraient difficilement la pilule et qu'ils n'hésiteraient pas à le manifester avec leur méthode violente, au point certainement de s'en prendre physiquement à tous les opposants, à tous ceux qui ne caressent pas Gbagbo dans le sens du poil. Notamment les forces impartiales et les journalistes de la presse indépendante.
Si c'est l'opposition qui perdait la face, on peut s'attendre à des réactions, mais qui ne risquent pas de mettre à mal le peu de stabilité qui reste au pays. Aussi, retient-on son souffle à Abidjan en attendant la décision finale de Pretoria.